Keith Jarrett et Joni Mitchell dansés par le chorégraphe américain Trajal Harrell
- dim 29 janvier 2023

Une émission enregistrée in situ au Théâtre de la Cité internationale à Paris, la veille de la première de la pièce de Trajal Harrel The Köln concert, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. Il part en tournée en Europe en 2023 après son passage à Paris, en Norvège, aux Pays Bas, en Italie et en Irlande.
Avec le chorégraphe Trajal Harrell, les interprètes Thibault Lac et Maria Ferreira Silva. Traduction Pascale Fougère
Le chorégraphe new-yorkais Trajal Harrell se fait connaître avec la série Twenty Looks or Paris is Burning at the Judson Church . Son langage élégant, dans lequel la fragilité est toujours mise à une distance par une touche d’humour, s’inspire à la fois de la danse post-moderne, du voguing et du butoh . Régulièrement invité sur les circuits internationaux de la danse et des arts visuels, il dirige aujourd’hui le Schauspielhaus Zürich Dance Ensemble.
The Köln Concert : le 24 janvier 1975, Keith Jarrett est à bout de nerfs. Il pense annuler. Le piano n’est pas celui demandé, rien n’est comme prévu. Finalement il entre en scène, improvise une heure de musique et cet enregistrement restera dans les mémoires et l’histoire du jazz. Le chorégraphe américain Trajall Harrell l’écoute à la fin des années 90 et ressent une forte émotion, de joie, mélancolie et liberté mêlées. Ce n’est que vingt ans plus tard qu’il créé la pièce The Koln Concert. Les danseurs danseuses et lui-même dansent sur la première partie du concert. Il a ajouté comme une musique sœur, au début, quatre morceaux de la canadienne Joni Mitchell, qui lui rappellent aussi le blues du sud-américain dans lequel il a grandi. Trajal Harrell a grandi dans la danse et la musique – commence le théâtre à 12 ans, part à l’Université de Yale puis à 22 ans, à New York, étudie les méthodes de Trisha Brown et Martha Graham. En 1999, il présente un solo de trois minutes qui le fait exploser. Il commence à mêler danse post moderne et voguing, ce mouvement né à Harlem à la fin des années 60, mené par la communauté afro américaine, gay, quand soudain ces corps s’approprient lors de défilés les poses des mannequins de vogue. La marge s’invite au centre. Pour The Koln Concert, Trajal Harrell parle d’une synthèse de ses recherches, du voguing, à la danse post modern, au buto. En 2013, il part au Japon étudier l’histoire d’un des fondateurs du butô, Tatsumi Hijikata, c’est un choc, il regarde les vidéos, et danse depuis, avec ce qu’il dit être, un esprit butô. L’idée de ne pas être préoccupé par la façon dont on est regardé. L’idée de faire place à la vulnérabilité, à ce qu’on dit laid, abîmé. Maintenant il habite à Zurich et y dirige l’ensemble de danse de la Schauspielhaus. En 2019, il créé un solo qu’il appelle Dancer of the year, puisqu’il a été élu meilleur danseur de l’année par le magazine Tanz. Il en rit, et embrasse sur scène avec joie et mélancolie, l’émotion de la musique de Keith Jarrett et Joni Mitchell.